Ceci est une sélection
- forcément subjective -
des meilleures poésies de
François Villon.
* * *
La Vie et l'Oeuvre de François Villon sont inextricablement entremêlées ; |
La plupart de ses poésies prennent la forme d'une Ballade ou d'un Rondeau ; |
Cette "anthologie" se déroule selon le rapport des poèmes à sa vie ; |
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* * *
Biographie | Bibliographie |
Bien sais, si j'eusse étudié
Au temps de ma jeunesse folle
Et à bonnes murs dédié,
J'eusse maison et couche molle.
Mais quoi ? je fuyais l'école
Comme fait le mauvais enfant.
En écrivant cette parole
A peu que le cur ne me fend.
Ballade des dames du temps jadis
Biographie | Structure | Bibliographie |
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Premier couplet | |
Dites moi où, n'en quel pays, | ||
Est Flora la belle romaine ; | ||
Archipiada, ni Thaïs, | ||
Qui fut sa cousine germaine ; | par sa beauté | |
Echo parlant quand bruit on mène | ||
Dessus rivière ou sur étang, | ||
Qui beauté eut trop plus qu'humaine ? | ||
Mais où sont les neiges d'antan ? | ||
Second couplet | ||
Où est la très sage Helloïs, | ||
Pour qui châtré fut et puis moine | ||
Pierre Esbaillart à Saint Denis ? | ||
Pour son amour eut cette essoine. | peine | |
Semblablement, où est la reine | ||
Qui commanda que Buridan | ||
Fut jeté en un sac en Seine ? | ||
Mais où sont les neiges d'antan ? | ||
Troisième couplet | ||
La reine Blanche comme lis | ||
Qui chantait à voix de sirène, | ||
Berthe aux grands pieds, Bietris, Alis, | ||
Haremburgis qui tint le Maine, | Arembour, comtesse du Maine | |
Et Jehanne la bonne Lorraine | Jeanne d'Arc | |
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ; | ||
Où sont ils, où, Vierge souv(e)raine ? | ||
Mais où sont les neiges d'antan ? | ||
Envoi | ||
Prince, n'enquerez de semaine | ne cherchez pendant toute la semaine | |
Où elles sont, ni de cet an, | ni tout cet an | |
Qu'à ce refrain ne vous ramène : | ||
Mais où sont les neiges d'antan ? |
Biographie | Bibliographie |
Le regard de celle m'a pris
Qui m'a été félonne et dure :
Sans ce qu'en rien ai mépris,
Veut et ordonne que j'endure
La mort, et que plus je ne dure ;
Si (=aussi)n'y vois secours que fuir.
Rompre veut la vive soudure,
Sans mes piteux regrets ouïr !
Pour obvier à ces dangers,
Mon mieux est, ce crois, de partir.
Adieu ! Je m'en vais à Angers. (...)
Rondeau, de Charles d'Orléans
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|
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n'y a bête, ni oiseau,
Qu'en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie.
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d'argent d'orfèvrerie,
Chacun s'habille de nouveau :
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie.
Biographie | Structure | Bibliographie |
Premier couplet | |
Je meurs de soif auprès de la fontaine | |
Chaud comme feu, et tremble dent à dent ; | |
En mon pays suis en terre lointaine ; | |
Près un brasier frisonne tout ardent ; | |
Nu comme un ver, vêtu en président, | |
Je ris en pleurs et attends sans espoir ; | |
Confort reprends en triste désespoir ; | |
Me réjouis et n'ai plaisir aucun ; | |
Puissant je suis sans force et sans pouvoir, | |
Bien recueilli, débouté de chacun. | acueilli / rejeté |
Second couplet | |
Rien ne m'est sûr que la chose incertaine ; | |
Obscur, fors ce qui est tout évident ; | fors = sauf |
Doute ne fais, fors en chose certaine ; | |
Science tiens à soudain accident ; | |
Je gagne tout et demeure perdant ; | |
Au point du jour dis : "Dieu vous fait bon soir !" | |
Gisant envers, j'ai grand peur de choir ; | |
J'ai bien de quoi et si n'en ai pas un ; | si = pourtant |
Héritage attends et d'homme ne suis hoir, | = héritier |
Bien recueilli, débouté de chacun. | |
Troisième couplet | |
De rien n'ai soin, si mets toute ma peine | |
D'acquérir biens et n'y suis prétendant ; | |
Qui mieux me dit, c'est cil qui plus m'atteigne, | cil = celui |
Et qui plus vrai, lors plus me va bourdant ; | = mentant |
Mon ami est, qui me fait entendement | |
D'un cygne blanc que c'est un corbeau noir ; | |
Et qui me nuit, croit qu'il m'aide à pouvoir ; | |
Bourde, ver(i)té, aujourd'hui m'est tout un ; | |
Je retiens tout, rien ne sais concevoir, | |
Bien recueilli, débouté de chacun. | |
Envoi | |
Prince clément, or vous plaise savoir | |
Que j'entends moult et n'ai sens ni savoir : | |
Partial suis, à toutes lois commun. | |
Que sais-je plus ? Quoi ? Les gages ravoir, | |
Bien recueilli, débouté de chacun. |
Biographie | Structure | Bibliographie |
Premier couplet | |
En réalgar, en arsenic rocher, | réalgar, orpiment |
En orpiment, en salpêtre et chaux vive, | = sulfure d'arsenic |
En plomb bouillant pour mieux les amocher, | |
En suif et poix détrempés de lessive | |
Faite d'étrons et de pissat de juive, | le moyen-âge méprisait les juifs ! |
En lavailles de jambes à meseaux, | eaux ayant lavé des jambes de lépreux |
En raclure de pieds et vieux houseaux, | = vieilles bottes |
En sang d'aspic et drogues venimeuses, | |
En fiel de loups, de renards et blaireaux, | |
Soient frittes ces langues ennuyeuses ! | = mauvaises langues |
Second couplet | |
En cervelle de chat qui hait pêcher | |
Noir, et si vieux qu'il n'ait dent en gencive, | |
D'un vieux mâtin, qui vaut bien aussi cher, | mâtin = chien |
Tout enragé, en sa bave et salive, | |
En l'écume d'une mule poussive, | |
Détranchée menu à bons ciseaux, | |
En eau où rats plongent groins et museaux, | |
Raines, crapauds et bêtes dangereuses, | raines = grenouilles |
Serpents, lézards et tels nobles oiseaux, | |
Soient frittes ces langues ennuyeuses ! | |
Troisième couplet | |
En sublimé, dangereux à toucher, | |
Et au nombril d'une couleuvre vive, | |
En sang qu'on voit en palettes sécher | = écuelles recevant le sang |
Chez les barbiers, quant pleine lune arrive, | |
Dont l'un est noir, l'autre plus vert que cive, | = fines herbes |
En chancre et fiz, et en ces ors cuveaux | = crasseux sceaux| fiz =chancre anal vénérien |
Où nourrisses essangent leurs drapeaux, | = essorent leurs langes |
En petits bains de filles amoureuses | |
(Qui ne m'entend n'a suivi les bordeaux) | = pluriel de bordel ! |
Soient frittes ces langues ennuyeuses ! | |
Envoi | |
Prince, passez tous ces friands morceaux, | |
S(i)'étamine, sacs n'avez ou bluteaux, | étamine = filtre / bluteaux = tamis |
Parmi le fond d'une(s) braie(s) breneuses ; | au travers de culottes merdeuses |
Mais, par avant, en étrons de pourceaux | |
Soient frittes ces langues ennuyeuses ! |
Biographie | Structure | Bibliographie |
Au retour de dure prison,
Où j'ai laissé presque la vie,
Si fortune a sur moi envie,
Jugez s(i)'elle fait mesprison !
(méprise)
Il me semble que, par raison,
Elle dût bien être assouvie
Au retour.
Si si pleine est de déraison
Que veuille que du tout devie,(meurs)
Plaise à Dieu que l'âme ravie
En soit la(de)ssus en sa
maison,
Au retour !
Lai (en forme de Rondeau)
Biographie | Structure | Bibliographie |
Mort, j'appelle de ta rigueur, | je fais appel contre ta rigueur |
Qui m'as ma maîtresse ravie, | |
Et n'es pas encore assouvie | |
Si tu ne me tiens en langueur : | |
Première reprise | |
Onc puis n'eus force ni vigueur ; | onc = jamais |
Mais que te nuisait elle en vie, | |
Mort ? | |
Seconde reprise | |
Deux étions et n'avions qu'un cur ; | |
S'il est mort, force est que devie, | = je cesse de vivre |
Voire, ou que je vive sans vie | |
Comme les images, par cur, | seulement en apparence, |
Mort ! | en souvenir |
Biographie | Structure | Bibliographie |
Premier couplet | |
Dame du ciel, régente terrienne, | |
Emperiere des infernaux paluds, | Impératrice des marais infernaux |
Recevez-moi, votre humble chrétienne, | |
Que comprise soie entre vos élus, | |
Ce nonobstant qu'oncques rien ne valus. | oncques = jamais |
Les biens de vous, ma Dame et ma Maîtresse, | |
Sont trop plus grands que ne suis pécheresse, | |
Sans lesquels biens Âme ne peut merir | = mériter |
N'avoir les cieux. Je n'en suis jangleresse : | = menteuse |
En cette foi je veux vivre et mourir. | |
Second couplet | |
A votre Fils dites que je suis sienne ; | |
De lui soient mes péchés abolus ; | = abolies |
Pardonne-moi comme à l'Égyptienne, | Marie, prostituée illuminée |
Ou comme il fit au clerc Theophilus, | retirée en sa thébaïde |
Lequel par vous fut quitte et absolus, | = absous |
Combien qu'il eût au diable fait promesse. | |
Préservez-moi de faire jamais ce, | |
Vierge portant, sans rompure encourir, | rompure = déchirure |
Le sacrement qu'on célèbre à la messe ; | |
En cette foi je veux vivre et mourir. | |
Troisième couplet | |
Femme je suis pauvrette et ancienne, | |
Qui rien ne sait ; oncques lettre ne lus. | |
Au moutier vois, dont suis paroissienne, | moutier = église |
Paradis peint, où sont harpes et luths, | (fresques de l'Église des Célestins) |
Et un enfer ou damnés sont boullus : | = bouillis |
L'un me fait peur, l'autre joie et liesse. | |
La joie avoir me fais, haute Déesse, | |
A qui pécheurs doivent tous recourir, | |
Comblés de foi, sans feinte ni paresse : | |
En cette foi je veux vivre et mourir. | |
Envoi | |
Vous portâtes, digne Vierge, princesse, | |
Iesus régnant qui n'a ni fin ni cesse, | Iesus = Jésus |
Le Tout Puissant, prenant notre faiblesse, | |
Laissa les cieux et nous vint secourir, | |
Offrit à mort sa très claire jeunesse ; | |
Notre Seigneur tel est, tel le confesse : | |
En cette foi je veux vivre et mourir. |
A la verticale on peut lire l'acrostiche suivante :
A |
P |
P |
E |
L |
A |
C |
E |
V |
I |
L |
L |
O |
N |
Biographie | Bibliographie |
Je suis François, dont il me poise, | (cela me pèse) |
Né de Paris emprès Pontoise, | |
Et de la corde d'une toise | |
Saura mon col que mon cul poise. | (pèse) |
Biographie | Structure | Bibliographie |
Premier couplet | ||
Frères humains qui après nous vivez, |
||
N'ayez les curs contre nous endurcis, |
||
Car, si pitié de nous pauvres avez, |
||
Dieu en aura plus tôt de vous mercis, |
||
![]() |
Vous nous voyez (i)ci attachés cinq, six : |
(en passant du vers 5 au 6 !) |
Quant à la chair, que trop avons nourrie, |
||
Elle est pieça dévorée et pourrie, |
pieça = depuis longtemps |
|
Et nous les os, devenons cendre et poudre. |
||
De notre mal personne ne s'en rie ; |
||
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! |
||
Second couplet |
||
Si frères vous clamons, pas n'en devez | ||
Avoir dédain, quoique fûmes occis | = tués | |
Par justice. Toutefois, vous savez | ||
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis ; | = sans raison bien ferme | |
Excusez-nous, puisque nous sommes transsis, | = morts | |
Envers le fils de la Vierge Marie, | ||
Que sa grâce ne soit pour nous tarie, | ||
Nous préservant de l'infernale foudre. | ||
Nous sommes morts, âme ne nous harie ; | = harasse | |
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! | ||
Troisième couplet | ||
La pluie nous a débus et lavés, | débus = lessivés | |
Et le soleil desséchés et noircis ; | ||
Pies, corbeaux, nous ont les yeux cavés, | = creusés | |
Et arraché la barbe et les sourcils. | ||
Jamais nul temps nous ne sommes assis ; | ||
Puis çà, puis là, comme le vent varie, | ||
A son plaisir sans cesser nous charrie, | ||
Plus béquetés d'oiseaux que dés à coudre. | ||
Ne soyez donc de notre confrérie ; | ||
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! | ||
Envoi | ||
Prince Jésus, qui sur tous à maistrie, | = maîtrise | |
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie : | ||
A lui n'ayons que faire ni que soudre. | = débattre | |
Hommes, ici n'a point de moquerie ; | ||
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! |
Ballade de
l'Appel
(La question que fait Villon au clerc du
guichet)
Biographie | Structure | Bibliographie |
Premier couplet | |
Que vous semble de mon appel, | |
Garnier ? Fis-je sens ou folie ? | |
Toute bête garde sa pel ; | = fait attention à sa peau |
Qui la contraint, efforce ou lie, | si on la contraint, la force ou lie, |
S(i)'elle peut, elle se délie. | |
Quand donc par plaisir volontaire | = arbitraire |
Chanté(e) me fut cette homélie, | (la condamnation à mort) |
Était-il lors temps de me taire ? | |
Second couplet | |
Si fusse des hoirs (d')Hugues Capel, | = héritiers d'Hugues Capet |
Qui fut extrait de boucherie, | qu'on disait fils de boucher |
On ne m'eût, parmi ce drappel | = à travers ce drap |
Fait boire en cette écorcherie. | = gavait d'eau en salle de torture |
Vous entendez bien joncherie ? | = cette allusion (mais à quoi ?) |
Mais quand cette peine arbitraire | |
On me jugea par tricherie | |
Était-il lors temps de me taire ? | |
Troisième couplet | |
Croyiez-vous que sous mon cappel | = chapeau |
N'y eût tant de philosophie | |
Comme de dire : "J'en appel"? | |
Si avait, je vous certifie, | |
Combien que point trop ne m'y fie. | |
Quand on me dit, présent notaire : | |
"Pendu serez !" je vous affi(rm)e, | |
Était-il lors temps de me taire ? | |
Envoi | |
Prince, si j'eusse eu la pépie, | = maladie qui fait taire les oiseaux |
Pieça je fusse où est Clotaire | (dans son tombeau, près d'un gibet) |
Aux champs debout comme une épie. | (jeu de mots entre épi et épieur) |
Était-il lors temps de me taire ? | (épouvantail) |
Biographie | Structure | Bibliographie |
Premier couplet | ||
![]() |
Je connais bien mouches en lait, | |
Je connais à la robe l'homme, | ||
Je connais le beau temps du laid, | ||
Je connais au pommier la pomme, | ||
Je connais l'arbre à voir la gomme, | ||
Je connais quand tout est de mêmes, | ||
Je connais qui besogne ou chôme, | ||
Je connais tout, fors que moi-mêmes. | fors = sauf | |
Second couplet | ||
Je connais pourpoint au collet | ||
Je connais le moine à la gonne, | = robe des moines, voir l'anglais gown | |
Je connais le maître au valet, | ||
Je connais au voile la nonne, | ||
Je connais quant pipeur jargonne, | ||
Je connais fols nourris de crèmes, | = fromage (attribut des fous !) | |
Je connais le vin à la tonne, | ||
Je connais tout, fors que moi-mêmes. | ||
Troisième couplet | ||
Je connais cheval et mulet, | ||
Je connais leur charge et leur somme. | ||
Je connais Bietris et Belet, | c'est-à-dire telle et telle femme | |
Je connais jet qui nombre et somme. | jet = jeton | |
Je connais vision et somme, | ||
Je connais la faute des Bohèmes, | = les hérétiques Hussites | |
Je connais le pouvoir de Rome, | ||
Je connais tout, fors que moi-mêmes. | ||
Envoi | ||
Prince, je connais tout en somme. | ||
Je connais colorés et blêmes, | (parle-t-il des gens ?) | |
Je connais Mort qui tout consomme, | ||
Je connais tout, fors que moi-mêmes. |
ÉPITAPHE | ||||
|
||||
CI-GÎT ET DORT EN CE SOLIER, |
= grenier | |||
QU'AMOUR OCCIT DE SON RAYON, |
||||
UN PAUVRE PETIT ÉCOLIER, |
||||
QUI FUT NOMMÉ FRANÇOYS VILLON. |
||||
ONCQUES DE TERRE N'EUT SILLON. |
oncques = jamais | |||
IL DONNA TOUT, CHACUN LE SAIT : |
||||
TABLES, TRÉTEAUX, PAIN, CORBILLON. |
= corbeille à pain | |||
POUR DIEU, DITES EN CE VERSET : |
||||
Structure | VERSET ou Rondeau |
|||
REPOS ÉTERNEL DONNE À CIL, |
= celui-ci | |||
SIRE, ET CLARTÉ PERPETUELLE, |
||||
QUI VAILLANT PLAT NI ÉCUELLE |
||||
N'EUT ONCQUES, N'UN BRIN DE PERSIL. |
ONCQUES = jamais | |||
Première reprise | ||||
IL FUT RAS(É), CHEF, BARBE ET SOURCIL, |
(tonte du clerc dégradé) | |||
COMME UN NAVET QU'ON RASE OU PÈLE. |
||||
REPOS ÉTERNEL DONNE À CIL. |
||||
Seconde reprise | ||||
RIGUEUR LE TRANSMIT EN EXIL |
||||
ET LUI FRAPPA AU CUL LA PELLE, |
||||
NONOBSTANT QU'IL DÎT : "J'EN APPELLE !" |
||||
QUI N'EST PAS TERME TROP SUBTIL. |
||||
REPOS ÉTERNEL DONNE À CIL. |
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des meilleures poésies de
François Villon.
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La Vie et l'Oeuvre de François Villon sont inextricablement entremêlées ; |
La plupart de ses poésies prennent la forme d'une Ballade ou d'un Rondeau ; |
Cette "anthologie" se déroule selon le rapport des poèmes à sa vie ; |
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Structure |
Premier couplet | |
Je, François Villon, jeton de Saturne | = dieu néfaste |
Jeté sur le monde en l'an trente deux, | |
A peine maudit éjecté droit d'urne | = utérus |
Par un dieu farceur ou bien trop haineux, | |
Je roulai par terre aux pieds de breneux. | = fangeux |
Mon père périt sous les mêmes feux | |
Et nous laissa seuls en malheurs affreux. | |
Alors vint s'asseoir Guillaume le prêtre, | |
Bon samaritain qui vit dans mes yeux | |
Un malheur à craindre, un bonheur peut-être. | |
Second couplet | |
Dès lors le païen leva son cothurne | = chaussure des tragédiens anciens |
Et me laissa vivre un présent studieux | le païen = Saturne, le dieu païen |
Ah si j'eusse été seul et taciturne | |
Que ma douce lyre aux sons mélodieux | |
Aurait enchanté nos curs insidieux ! | |
Hélas l'air canaille avait l'air radieux | |
Et semant l'enfer, je reniais les dieux ! | semer l'enfer = semer le trouble |
Du Quartier latin ès arts sortis maître. | (je) sortis maître |
Sans ces compagnons aurais-je été mieux ? | |
Un voleur à plaindre, un docteur peut-être... | |
Troisième couplet | |
Du meurtre excusé jusqu'au vol nocturne | |
Je fus un rapace à l'esprit teigneux. | |
Ma part du butin, mauvaise fortune ! | = la déesse de la destinée |
Me mit hors Paris pour remplir mes vux : | + la fortune financière |
"Poète de cour, fais-nous tes aveux !" | |
Le rêve fut bref et je fus de ceux | |
Qui suivent la pente aux donjons crasseux. | |
Maintes fois je vis corde à la fenêtre ; | = le gibet par la fenêtre du cachot |
Saturne à nouveau m'ourlait en ses jeux : | |
Un malheur à craindre, un bonheur peut-être. | |
Envoi | |
Fortune, où te fuis-je ? On n'en sait les lieux. | |
Mais plus je vieillis, plus je vais aux cieux. | |
Que m'apporta, moi, la peine de naître ? | |
J'en suis mort, sur quoi fermai-je mes yeux ? | |
Un malheur à craindre, un bonheur peut-être ? |
Suivant le vieux modèle de la Grande Ballade, je me suis délibérément restreint à l'utilisation de trois rimes pour encore plus d'archaïsme(s) !
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Ma dernière parole soit |